Depuis l'esplanade où nous trouverons le panneau de départ, nous chercherons à notre gauche, en légère descente, le sentier du Passage du Fleuve, délimité par une clôture en bois. Si nous regardons en arrière, nous pourrons contempler une jolie carte postale du hameau de Riogordo avec l’impressionnant tage au niveau de l’horizon. Nous descendons parallèlement au détroit, entre les prairies couvertes d’oliviers, quelques chênes et caroubiers éparses, en contemplant la rivière des Morenas, presque toujours sèche, mais pas exempte d’humidité, comme en témoignent les oléandres en fleurs.

On peut voir que la force érosive de de cet humble ruisseau a creusé des crevasses qui servirent d’abris pour le bétail. Sur le lit de la rivière se trouvent quelques marmites qui, lorsqu’il y a du débit, doivent être magnifiques. De même, sur ce même chemin et entourés d’un vaste maquis de thym, nous observerons les regards d’un conduit d’eaux usées.
Ensuite, nous rejoindrons un chemin et traversons la rivière par un pont. Tout près de là, facilement perceptible par la ligne verte de la végétation, nous pourrons repérer l’affluence de la rivière des Morenas dans le fleuve de la Cueva; qui conserve un débit permanent, ce qui nous permettra d’observer le rossignol ou la bergeronnette des ruisseaux. Un peu plus loin, en bordure de la piste goudronnée, nous trouverons les installations de la EDARD de Riogordo (Station de Résidus Solides Urbains). Autrefois, l’activité moulinière fut fébrile. Sur les rives du fleuve de la Cueva, il y a eu jusqu’à neuf moulins ingénieux ; deux d’entre eux se trouvent près du chemin, celui de la Vierge de Jerusalem et celui d’Enrique.

Le contraste de la forêt de rive, constituée de peupliers, de tarages et de bambous, est évident par rapport aux prairies d’ardoise, principalement peuplées d’oliviers et d’amandiers. Ces petites plaines fertiles de la rivière de la Cueva sont idéales pour les potagers, comme celle de Fortún et Grande, où sont produites les célèbres tomates. Sur les cultures en terrasse, prospèrent également les plantations de citriques, de grenades, les figuiers et les nèfles. Ce calme tronçon s’achève sur un pont qui interrompt un méandre du cours fluvial, bien que le Grand Sentier de la Axarquía récupère la rive gauche peu après.

Vu que nous nous trouvons près de l’eau, il ne sera pas de trop de s’approcher des petites mares, peuplées d’innombrables insectes, surtout de libellules ; de plus, il ne sera pas rare de pouvoir observer des couleurs d’eau ou des tortues galapagos en train de prendre le soleil. Nous gagnerons une légère altitude qui nous offrira une belle vue panoramique sur Comares, perché en haut d’une montagne. Peu après, nous laisserons sur notre gauche le chemin du Terral et nous entamerons une légère descente à l’ombre d’une belle forêt de chênes. Parmi la beauté de la flore méditerranéenne réfugiée sur ces collines, nous trouverons des espèces aussi suggestives que le genêt, l’armoise, le chêne kermès ou l’oseille.

Au fur et à mesure qu’on progresse, aux fameux champs d’oliviers et d’amandiers s’ajouteront quelques vignes ; signes inéquivoques de la proximité d’un nouveau et large méandre qui nous oblige à traverser à deux reprises le fleuve de la Cueva. Le deuxième pont est plus long que ceux que nous avons vus jusqu’à présent. Jusqu’alors, nous avons parcouru 4,9 km et il nous reste encore 9,4 km pour atteindre Comares.

Au cours du prochain tronçon, nous nous éloignerons momentanément de la rivière, sans cesser de monter, et nous atteindrons les hameaux des Romeras, à la frontière entre les communes de Riogordo et Comares. Sur la chaussée du chemin se dresse le panneau qui indique la fin du Sentier de la Rivière. Le chemin se dirige vers la gauche, en direction de Benamargosa et Riogordo. Il convient de regarder en arrière afin de profiter d’une vue panoramique contrastée; d’une part, les terres de labour que nous sommes en train de traverser, et en arrière-plan, le gros massif calcaire de la Cordillera Antequera, recouverte d’une dense forêt de chênes au pied de la montagne. Si nous regardons à l’est, nous voyons l’énorme masse rocheuse de Sierra Tejeda et la profonde fissure du Trou de Zafarraya, qui méritent notre attention.

Les habitants de ce hameau, pour la plupart, des personnes d’un certain âge, ont une vie calme et saine. Ils ne manquent pas d’occupations telles que cultiver leur potager, donner à manger aux poules ou se rendre à l’endroit où le boulanger et le poissonnier ambulants vendent leurs produits. Ils sont sans aucun doute les témoins d’exception d’une société rurale en phase finale d'extinction.

D’autres surprises nous attendent, puisque dans le prochain tronçon nous profiterons d’une magnifique perspective sur le barrage de la Cueva, que nous pourrons observer au ras du sol, après avoir passé deux virages serrés. Nous serons impressionnés par le mur de cette construction hydraulique de 32 m de hauteur, dont les travaux se sont achevés le dernier jour de 1995. Tout comme d’autres semblables au bassin de Vélez, il a pour mission d’apaiser les crues du fleuve et de dévier les eaux qui débordent du barrage de la Viñuela.

Après avoir franchi la digue par des pierres, nous marcherons sur une chaussée aménagée du large lit, encastré entre des collines à très forte pente, où seuls quelques amandiers parviennent à s’installer, ainsi que des caroubiers, des aubépines et des genêts : mais ce qui est réellement incroyable c'est d’observer l’introduction de cultures tropicales sur certaines de ces parcelles vertigineuses. Concernant la partie la plus négative, on remarque les horribles traces que les moto cross laissent en descendant vers le lit, causant ainsi une trace sanglante qui accélèrent les procédés d’érosion. Nous ne garderons donc en tête que la beauté des rives du chemin où prolifèrent de nombreux chardons colorés.

Le prochain lieu d’intérêt est un pont piéton en fer qui nous permet de traverser la rivière. C’est ici que passe un chemin qui relie les différents hameaux de Comares, comme celui de las Cuevas, où nous nous trouvons. Du fait du caractère temporaire de ce cours fluvial, la végétation de rive fait défaut. Nous ne trouverons que quelques peupliers et frênes sur les bordures extérieures du lit naturel, ainsi que de nombreuses rangées de roseaux et de bambous, parfaitement adaptées à ce type de flux torrentiel.

Nous continuons notre chemin parallèlement au lit du fleuve jusqu’à arriver à une vaste plaine donnant sur le village de Comares qui la surplombe. Ici, le GR-242 tourne brutalement en direction du sud par un chemin rural naissant, tandis que le chemin qui continue en direction du nord-est monte jusqu’à la route MA-3107 (Riogordo-Benamargosa). Un peu plus loin, nous parcourrons un site appelé Solano.

Sans quitter le sillage du fleuve, nous passerons sous le conduit de transvasement du barrage de la Viñuela. Dans ces environs, nous apprécierons une importante prolifération de cultures tropicales. Sans plus attendre et après avoir franchi plusieurs fois le lit de la rivière, nous atteindrons une large digue où coule la rivière Solano en direction du sud. Nous quittons celui du Bassin et nous suivons la trace de ce second cours fluvial pendant au moins un kilomètre, jusqu’à sa confluence avec un chemin que nous devons prendre à gauche, près d’un autre pont piéton en fer, qui relie différents hameaux, comme celui de las Ratas et Cuevas Romo, ce dernier étant ancré dans la roche qui surplombe la rivière, comme s’il s’agissait d’une petite forteresse. Cela ne fait aucun doute que ces domaines tiennent leur origine des anciennes alquerías andalouses.

Ensuite nous devons affronter une forte pente qui à chaque pas nous ouvre de splendides vues panoramiques sur le couloir de Periana et la ceinture de sierras calcaires: Camarolos, San Jorge, En Medio, avec leur hauteur maximum, le pic Vilo (1415m); Pyrénées du Sud, constitués par les tages de Gomer, du Fraile et Doña Ana; ainsi que le trou manifeste du Fossé de Zafarraya, la sierra d’Alhama ainsi que son versant côté Málaga appelé de Guaro, et enfin, l’imposante Sierra Tejeda, avec La Marona (2065m) célèbre pour être le plus haut sommet de la province.

Près de Comares, nous rejoignons le sentier de la Teja, dont la fontaine, appelée de la Teja de Bonacho, se cache sous les tages de la sierra d’Andualla, site où se nichent des rapaces tels que le faucon crécerelle. Il existe des références de ce cours d’eau concernant les partages survenus après la conquête chrétienne (S.XVI). Depuis ce lieu, nous avons une vue imprenable sur le village, niché sur un petit plateau. Peu avant de rejoindre un chemin goudronné, nous nous trouvons face à la source Delgada, dont le débit, alimenté par un puis et par les débordements de la source Gorda, est stocké dans le réservoir d’origine andalousi : l’aljibe. Il ne reste que 600 m pour atteindre Comares.

Le GR-242 avance sur une piste en direction de l'est, en passant près de la source Gorda et à l’abri des tages où ont été installées les vias ferratas de Fuente Gorda, Cueva de la Ventana et Puerta del Agua. Sur ce versant de la montagne se trouve également la tirolienne de Comares, la plus longue d’Espagne (436 m) sur le site naturel.

En observant l’ensemble de tages et de liens de murailles, nous comprenons l’effort des andalousis pour faire de cette importante place un lieu imprenable, une site clé pendant la guerre de Grenade (1482-1492). Parmi les restes archéologiques visibles, on remarque particulièrement la courtine, la muraille qui fut destinée à protéger, en cas d’attaque, un bien si précieux tel que l’eau.

Enfin, nous emprunterons le chemin de la Aguada, dont certains affirment que l’origine est romaine, afin d’accéder au centre-ville de Comares, par la Porte de l’Eau et la calle Peñantona.